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Journal documentaire
5 août 2011

anton devier

Un lusitaniste du Montana, William P. Rougle, a consacré en 1983 un étonnant petit livre d'une centaine de pages à la vie d'un certain Antonio Manuel de Vieira na corte russa no século XVIII ("... à la cour de Russie au XVIIIe siècle", publié à Lisbonne par le ministère portugais de l'éducation). Curieuse destinée que celle de ce judéo-portugais pauvre, né à Amsterdam après 1675, et qui travaillait comme mousse en 1697 lorsque, à l'occasion de manoeuvres navales, il fut remarqué par le tsar Pierre Ier de Russie dit le Grand, qui le prit à son service. Celui que les Russes appelaient Anton Devier fut employé quelques années comme messager, puis connut une ascension sociale fulgurante, puisqu'on lui confia successivement la construction du port de Tallinn, des responsabilités dans l'armée, la direction de la police de Saint-Pétersbourg puis celle de Moscou, enfin une mission diplomatique en Courlande. Le "juif de Pierre Ier", comme on l'a parfois appelé, fut nommé sénateur et comte. Je suis fasciné par ce genre de destin "anti-marxiste", où les qualités individuelles et la chance propulsent un personnage a des hauteurs sociales inattendues. La chute fut également terrible, mais non exceptionnelle : impliqué dans un complot, le comte tomba en disgrâce, fut condamné à recevoir deux fois 25 coups de trique (épreuve à laquelle on ne survivait pas toujours) et exilé en Sibérie, cependant que ses propriétés étaient confisquées et redistribuées. Toutefois il rentra en grâce après une quinzaine d'années, avec l'appui de l'impératrice Isabelle, peu avant sa mort. Un beau sujet de rêverie documentaire.

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