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Journal documentaire
27 octobre 2009

Hamsun repousse

hamsun_repousseOn m’a prêté le livre de Knut Hamsun (1859-1952), Sur les sentiers où l’herbe repousse, une de ses rares œuvres de non-fiction (Calmann-Lévy, 1981). A peine deux cents pages, imprimées gros, je me suis laissé tenter et j’ai lu sans ennui, par pincées de quelques feuilles chaque fois que je pouvais m’asseoir dans le tram, ce n’est pas tous les jours, cette chronique des trois années d’après-guerre pendant lesquelles l’écrivain norvégien, presque octogénaire, fait l’objet de poursuites pour n’avoir pas caché sa sympathie envers Adolf Hitler, sans toutefois qu’aucun acte malveillant ne puisse lui être reproché. L’ouvrage plaît par le ton désinvolte du vieillard désabusé, que l’on persécute mollement en l’obligeant à abandonner sa ferme pour le placer en hôpital psychiatrique, puis en maison de retraite. Il y a au début cette ambiance irréelle de l’asile qu’il n’a pas le droit de quitter mais dont rien ne l’empêche de s’échapper en se promenant dans les collines alentour. Une courte phrase qui revient deux fois dans les premiers moments résume beaucoup de choses : «Je lis, je flâne, je fais des réussites». L’auteur est humilié mais serein, il ne se reproche rien de ce qu’il a fait ou pensé, il raconte simplement ce qui lui arrive, rapporte des anecdotes, évoque des souvenirs. Il se livre de temps en temps à quelque exercice de style montrant bien qu’il n’est ni fou, ni gâteux : il résume comme une esquisse de roman l’histoire d’amour lue dans quelques pages d’un agenda que lui a montré un prédicateur itinérant, plus tard un lambeau de feuille de journal, ramassé dans une décharge d’ordures, lui inspire d’imaginer sur quelques pages le dialogue d’un couple qui se dispute, etc. Il râle sur son sort, tout en se réjouissant d’être toujours en vie et assez en forme, bien que presque sourd et voyant de plus en plus mal. Il se moque à l’occasion de lui-même, s’amuse de l’irruption d’une jeune infirmière, alors qu’il fait sa toilette torse nu et sans son dentier. Il reste bon, s’inquiète d’un petit sapin que l’ombre d’un grand peuplier empêche de bien pousser. La couverture est illustrée d’une photo montrant le beau visage du vieil homme paisible et fatigué.

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Commentaires
W
Merci de m'y faire penser. Je l'ai lu, aussi par touches, il y a quelques années. Et je n'en ai aucun souvenir, ou si peu si subitement.<br /> Mais j'ai mauvaise mémoire [ou plutôt, si sélective si souvent, puisque ça a finalement peu d'importance, cette mémoire-là].
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