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Journal documentaire
19 septembre 2009

Ombre et lumière

interieurA un ami, que de sérieuses raisons tiennent à l’écart du siècle, je donne maintenant rendez-vous à l’église, où l’on n’est pas bousculé. Ainsi toutes les quelques semaines hantons-nous Saint-André,  parfois Saint-Ferdinand... Nous nous installons discréto dans un coin et discutons de nos affaires à voix basse, dans la pénombre et l’encens. Lors de notre dernière entrevue, il m’a remis un manuscrit, dans lequel il a recopié avec soin et dans un certain ordre des citations de Georges Simenon, qu’il a augmentées de ses propres gloses. J’ignorais ce secteur de ses activités. Dans la jeunesse il a méprisé le grand Sim, car c’était un auteur préféré de son père. Puis à la quarantaine, pris de curiosité, il s’est mis à le lire et l’a lu en entier, ce n’est pas rien. Chemin faisant il a glané des phrases, qu’il voulait retenir. Dix ans plus tard, reprenant ce recueil, une sentence le frappe en particulier : «Il vivait parce qu’il était né, et qu’il n’était pas encore mort.» Or elle est la seule sans référence. Dans l’espoir de la repérer, il se lance «à la recherche de l’épitaphe perdue», pour cela relit l’œuvre complète, avec en outre les 3000 pages des Mémoires. Mais la maudite phrase est restée introuvable. Mystère. Au moins le double voyage a-t-il donné lieu à ce soigneux florilège. «Il y a sept calembours dans Simenon», y lit-on quelque part. On mesure bien là que le patient lecteur a lu le romancier en faisant attention. Je note parmi les observations que dans le sommeil, «on n’a plus d’âge», cela me paraît avéré dans les rêves. Sur ce, me reportant à la bio de Simenon dans Wikipedia, j’apprends que «ce chien» (disait de lui ce pauvre con de Sartre), qui a résidé quelques années en Charente maritime, l’a évoquée comme «une région lumineuse». Impossible ici de ne pas repenser au Normand Levionnois, frappé de trouver dans le département une lumière «florentine» ou «toscane». A ce propos j’ai remarqué un autre aspect italien de la Charente, la façon de réduire à i certains L, dans le parler local le blanc est bianc, façon bianco, etc.

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Commentaires
C
L'attribution à saint Augustin est traditionnelle. Reste qu'on ne trouve aucune trace de cette phrase dans le corpus augustinien... On évoque également Bernard de Clairvaux, mais, à ma connaissance, personne n'a jamais donné de références assez précises pour permettre de vérifier l'authenticité de la source.<br /> On notera au passage la traduction triviale que Béroalde de Verville donne de la formule dans le "Moyen de parvenir" : "... tu es né entre la merde et le pissat et tu en veux conter !"
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S
"Inter faeces et urinam nascimur"<br /> <br /> Cette citation est de Porphyre, semble-t-il :<br /> <br /> http://louisdedonder.blogspot.com/2009/08/inter-faeces-et-urinam-nascimur_10.html<br /> <br /> Pour le reste, je donne ma langue au chat.
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P
Cellefrouin... j'adore ces noms du vieux pays.
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C
Bien plus terrible que le bruit de l'œuf dur sur le comptoir, l'angoisse de la citation perdue ! Variante : le doute qui nous saisit devant certaines attributions suspectes. Est-ce à Sidoine Apollinaire que l'on doit le fameux palindrome latin repris par Debord ? Qui a réellement écrit "inter faeces et urinam nascimur" ? Combien de fois nous sommes nous laissé [voir Grevisse] piéger par un Borges ou un Perec ?<br /> Sur Sartre, relire Haedens : "Le pays de Sartre est celui des hôtels borgnes et des tentatives d'avortement. La beauté, la légèreté, la lumière, le bonheur, la fantaisie, la nature ont pour lui quelque chose d'intolérable. Son œuvre, dépourvue de tout charme, souvent naïve et scolaire, n'offre même pas les attraits d'une horreur profonde. Elle se traîne à la surface d'eaux boueuses. Son influence aura certainement contribué à enlaidir la littérature de son temps."<br /> Pour Haedens, Sartre est simplement sordide, alors que Simenon — qu'il compare implicitement à Balzac — fait descendre des théâtres grecs la fatalité tragique pour l'installer dans le quotidien médiocre des "quais de La Rochelle" ou d'un "appartement de banlieue"...<br /> La lumière des Charentes ? Je pense à un matin d'été très doux dans le petit cimetière de Cellefrouin...
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