Le cinéma de A à E
Films vus en juin :
Le bal des maudits, d’Edward Dmytryk (1958). Le destin croisé de trois hommes, pendant la deuxième Guerre mondiale. Un film qui se regarde sans ennui, mais en ricanant un peu par moments. Il y a, du moins dans la version française, cette bizarrerie des dialogues dans lesquels les locuteurs allemands jettent du ach, du Herr et du ja wohl à tout bout de phrase, pour que l’on comprenne bien à quel point ils sont étranges, tandis qu’Américains et Français sont dispensés de ces simagrées. Le personnage joué par Montgomery Clift me paraît trop appuyé, il est si juif, si injustement brimé, et en même temps si loyal, si courageux, si dévoué, si formidable en somme, que cela finit par faire beaucoup. En contrepoint le rôle de Dean Martin est à la fois plus ingrat et plus subtil, avec son mélange de droiture et de lâcheté, d’aisance et de gaucherie. Quant à Marlon Brando, entre sa beauté physique, la gravité de sa composition et l’élégance de l’uniforme allemand, il ne manque pas d’allure. C.
Un chien andalou, de Luis Buñuel (1928). J’étais curieux de voir ce petit film poétique, long d’un quart d’heure à peine, et j’ai été un peu déçu. Il y a bien sûr l’image très forte de l’œil coupé, mais qui n’est pas à proprement parler belle, et le reste est loin à la traîne. C’est un petit essai de surréalisme désordonné, destiné surtout à choquer par le mauvais goût et l’absurdité, ce à quoi il est tout à fait parvenu. Il a été réalisé par deux jeunes fils à papa bourrés d’énergie et aux dents longues, Dali et Buñuel, prêts à tout pour se faire remarquer. Comme toujours, c’est chez les bourges que l’idéologie anti-bourgeoise s’exprime le plus vivement. Dali a par ailleurs montré sans peine, dans le reste de son œuvre, qu’il avait vraiment du génie. Buñuel, qui était beaucoup plus lourd, a eu plus de mal. D.
El, de Luis Buñuel (1952). Cette histoire de folie m’a assez plu, j’aime bien les deux acteurs principaux, les truquages simples mais saisissants de quand le protagoniste a une crise de paranoïa dans l’église, la fin énigmatique. C.
La vie criminelle d'Archibald de la Cruz, de Luis Buñuel (1955). J’ai bien aimé l’entrée spacieuse de la maison d’Archibald, façon patio, avec une grosse porte en bois et de grands pots de plantes vertes, et son atelier de potier chic. Sinon, cette histoire à dormir debout ne m’a pas passionné. Le film a grande réputation car on y met en scène des fariboles d’inspiration psychanalytique, ce qui est un mérite discutable. La scène de la «mise à mort» du mannequin montre des images fortes plutôt que belles. D.