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Journal documentaire
14 mai 2009

Souvenir de Michel Champendal (1954-2009)

Michel_20ChampendalJ’ai appris le suicide de l’éditeur parisien Michel Champendal. Après avoir déposé son bilan au mois de février, il était allé prendre du repos dans les Alpes, où il a disparu début mars, sans prévenir personne et sans emporter avec lui les remèdes dont il usait chaque jour pour le diabète. Je dois avouer qu’à cette annonce, j’ai d’abord soupçonné quelque supercherie. Mais son corps a été retrouvé et identifié fin avril dans le canton de Vaud, en Suisse, d’où j’apprends qu’il était natif.

Je le connaissais assez mal mais depuis longtemps. Son souvenir reste pour moi lié à mes débuts artistiques. Je l’avais toujours cru normand car il publiait à Rouen, en 1982, une modeste revue photocopiée, L’arbre bleu, de format A5 archétypique, dont j’avais dû entendre parler dans les chroniques de Guy Darol dans Libé. C’est dans cette revue que j’ai publié mes premiers collages. Je crois que c’est aussi par son intermédiaire que j’ai découvert le réseau du mail art, et que j’ai eu mes premiers échanges avec des gens comme Vittore Baroni ou Lucien Suel, par qui j’en ai ensuite connu bien d’autres.

Assez vite nous avons cessé de correspondre, mais nous avons en quelque sorte maintenu de loin en loin quelques contacts. C’est lui qui m’avait appris la belle idée de Richard Brautigan, de fonder une manuscritothèque, comme il s’en est en effet créé une, paraît-il, après sa mort.

C’est je pense dans les années 80, qu’il est venu s’installer à Paris. Il y eut un soir où j’ai découvert qu’il avait une belle voix, en l’entendant à France-Culture.

Je ne sais plus à quand remonte, j’ai peut-être noté dans mes carnets la date de notre unique rencontre. Etant de passage dans la capitale, je l’avais appelé, il m’avait donné rendez-vous en fin d’après-midi dans un grand café, où il m’avait offert une excellente bière ou deux.

On devait être déjà dans les années 90 quand, sachant qu’il travaillait alors à la Bibliothèque nationale, je lui avais demandé s’il pourrait m’obtenir le sommaire de certaine collection de documents, publiée au XIXe siècle par Henri Ternaux, qui m’intéressait. Il ne m’a photocopié que la table des matières d’un seul des deux volumes, et je n’ai pas osé le tanner pour avoir l’autre.
Il avait répondu à mon enquête de 1994 sur les 10 livres préférés, et connaissait donc mes Lettres documentaires.
En 2006, il faisait partie des quelques témoins que Laurent Fairon a fait participer au site qu’il m’a offert pour mon cinquantenaire. Il y disait pas mal d’inexactitudes, mais sur un ton très sympathique. Et puis qu’importe.

Nous avons quelque peu renoué à cette occasion. Comme il venait de créer une maison d’éditions à son nom, je lui ai proposé L’Expatriote, le journal de Lloyd, qui me tenait à cœur. Il a accepté le manuscrit dans de grands élans d’enthousiasme, avant de m’expliquer qu’il faudrait d’abord trouver assez de souscripteurs, pour que l’ouvrage soit déjà remboursé à la parution. C’était impossible, et donc une déconvenue pour moi. J’ai doucement laissé tomber.

Puis, comme il faisait aussi un peu de distribution en ligne, j’ai déposé quelques unes de mes livrettes chez lui. Là non plus, ça n’a pas donné grand chose, il s’y prenait comme un manche. Mon dernier mail a été pour lui souffler un peu dans les bronches, vers la fin de l’année dernière. Il m’a répondu tout décontenancé, il ne comprenait pas. J’ai préféré ne rien lui expliquer et on ne s’est plus parlé. Et voilà.

Bon, mais ça n’était pas le mauvais gars, sûrement pas.

 

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Commentaires
L
Salut Philippe!<br /> <br /> Tres bon texte comme je les aimes chez toi.<br /> <br /> Non, je ne te fais pas "un petit coucou".
Répondre
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