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Journal documentaire
15 décembre 2008

Rêveries

Caradec1998Parce que nous avions parlé de feu Caradec, et que je surveille un peu le résultat de mes rêves, Michou m’a prêté une verte brochure préfacée par le défunt, les Hypnagogies de son collaborateur sud-américain Albano Rodríguez, lui aussi disparu si j’ai bien compris. Dans ce mince ouvrage publié par le Cymbalum Pataphysicum en 1987, Albano ne raconte pas ses rêves, il se contente de livrer son Tesoro de frases soñadas, une collection de 205 phrases recueillies directement dans les rêves et transcrites laconiquement, le plus souvent sans explication sur le contexte. Des bizarreries comme : «Ca fait un quart et demi d’œuf». Ou encore : «Je m’en irai avec un végétateur de Dieu». Le préfacier fait remarquer la particularité, que ces énoncés ne procèdent ni du langage littéraire, ni du langage parlé ordinaire.

J’observe rétrospectivement que j’ai moi-même cité quelquefois des paroles entendues dans mes rêves. Je repense maintenant à deux cas que je ne crois pas avoir relatés, mais dont j’ai gardé le souvenir.

Quant j’étais étudiant au cours d’été de Coïmbre, dans la fin des années 70, j’ai rêvé cette phrase en portugais, sans verbe : «Piedade, batatas, pão» (c’est à dire : piété, patates, pain). Cette trilogie ressemblait à une devise grotesque, j’avais amusé Antônio en la lui rapportant.

Plus tard, dans les années 80, ou peut-être déjà 90, j’ai rêvé la phrase : «Le détail attend, volumineux». Cet oracle mystérieux m’enchanta quelques jours, puis m’inquiéta : l’annonce d'une grosseur tapie, était-ce pas quelque funeste présage ? Puis le temps a passé et l’énigme est restée.

Les deux fois, c’était en quelque sorte une voix off qui parlait, ou bien ma propre voix qui prononçait ces phrases intérieurement, dirais-je, et non dans un dialogue.

Tout récemment, peu après avoir lu l'opuscule vert, et peut-être sous son influence, j’ai vu en rêve une dame d’un certain âge, qui réprimandait deux ou trois jeunes femmes, cependant qu’une voix là encore non identifiée commentait la scène par ces mots en espagnol : «les da una guitarra» (mot à mot : elle leur donne une guitare) ce qui alors voulait dire «elle leur passe un savon».
Revenons au plan physique et considérons un instant la svelte brochure de format A5, simplement faite de feuilles A4 pliées en deux et agrafées. Je continue de trouver séduisante cette belle forme archétypique des livrettes A5 pliées. J’en ai publié plus d’une de la sorte, dont une part du tirage à cent exemplaires seulement moisit encore dans mon chai, ce qui ne m’encourage pas à recommencer. Celle-ci est tirée à 799 exemplaires. Je lisais l’autre jour un entretien où Caradec estimait qu’il y a en France quelque «3000 personnes qui aiment la littérature et qui ont le temps de lire». Encore faut-il savoir les toucher.

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