Arrière-saison
Mes affaires me ramènent quelque jours à la campagne, où je dois m'occuper de la voiture et des arbres, la mobile et les immobiles. J'aime bien délivrer la boîte à lettres archi pleine après quatre semaines d'absence, même si les prospectus ont la plus grande part. Dans le courrier ce signe double, deux livres me sont offerts, venant l'un du Nord et l'autre du Sud, à la couverture ornée d'une brouette, et au titre parent, Mort d'un jardinier, L'année du jardinier. J'oublie la ville comme je peux, hier jour de marché j'ai déjeuné de longues huîtres ouvertes sur le feu et j'ai dîné d'une casserole de moules devant la cheminée, en buvant du mousseux à même la bouteille. J'ai passé l'après-midi au soleil, à ranger des branches et à regarder autour de moi. Je me suis demandé ce que pouvaient ressentir nos très grands parents de la préhistoire, devant la beauté inutile et tardive des fruits du fusain. Dans les rêves cette nuit j'ai rencontré Antonio sur un quai de gare, puis d'autres Brésiliens plus jeunes, dans une salle à manger. Il y avait aussi Constantin, que je croyais reconnaître. A un autre moment j'étais perdu et je me répétais: je n'ai nulle part où aller, ce voyage est mal préparé.