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Journal documentaire
11 août 2008

Un bunker en banlieue

cover_costesLe «roman con, nul et chiant de Costes», dit Costes lui-même de et dans (page 131) son roman Un bunker en banlieue, paru ce printemps. Du coup on comprend mieux pourquoi quarante éditeurs, paraît-il, l’auraient refusé, avant qu’Eretic ne se dévoue pour le publier. Car il est vrai que l’histoire, bien dans la manière costésienne, soit pleine à ras bord de sang, de sperme, de pisse et de caca, n’est pas d’une réception facile. L’ouvrage se présente à la façon d’un journal s’étendant sur une semaine, du 8 au 14 septembre, durant laquelle un certain Jean-Louis, petit blanc de cinquante ans, craque, mure avec des parpaings la fenêtre de sa piaule de la cité Lénine, et part en guerre contre les «waffen-racailles», l’Assedic, la municipalité communiste et le reste du monde.
On peut trouver lassantes les provocations de cette narration d’un mauvais goût systématique et délibéré. On peut aussi s’amuser des bons mots semés par le romancier, de ses «Vade retro, salope», de ses «Bunker, sweet bunker», de ses réflexions méchantes sur les filles («Tu les chasses par la porte, elles reviennent par le net»). Il y a du Don Quichotte, ou faudrait-il dire du Don Quichie, dans le combat contre la corruption du protagoniste, dont le chat est le Sancho, et dont les cris de guerre sont Rwanda! et Saint-Denis Montjoie! Et il faut avouer que dans le contexte si bien-pensant d’aujourd’hui, c’est à dire si fliqué, la misogynie, la xénophobie, la misanthropie générale de l’auteur, ont quelque chose de rafraîchissant. Voilà quand même un grincheux grinçant de première catégorie, pas avare de satire sociale, raillant ici la «pirogue de sans-papiers qui fait la manche avant même d’avoir accosté», bousculant ailleurs l’Internationale ainsi reprise : «C’est la lutte finale, branlons-nous et demain, la matière fécale sera le genre humain.»
Il ne m’a pas échappé qu’un des points sur lesquels Costes exerce sa verve critique est précisément la bloguerie : «L’internet, tout ça, c’est de la merde ! Ils nous font croire qu’on est libres. Libres comme des poissons dans l’aquarium, oui ! On fait des bulles et on appelle ça liberté d’expression ! On se branle contre la vitre, et ils comptent le fric en ricanant de notre connerie. C’est pas la gloire sur un blog qui va m’apporter le pouvoir. Moi, je suis star sur mon site... Moi, je dis ce que je pense sur mon blog... Bande de pauvres mythos ! Un mot de trop, et le Big Boss avec la Big Bombe, il le coupe ton blog. Quand il veut, le bel aquarium frétillant devient une flaque puante de nuoc-mam. Branleurs des blogs, stars de Youtube, copains crétins de Myspace...» Hm, du coup je m’interroge. N’ai-je donc tant blogué que pour cette infamie ? Trop tard, «y a pas de touche rewind dans le film de la vie.»

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