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Journal documentaire
24 avril 2008

Lettre documentaire 426

LEGO PARK

par Pascal Z

Mon père est né en Guadeloupe des fruits des amours illégitimes (la chose est fréquente sous ces latitudes) d'une dame venue de Haïti (pour des raisons fort romanesques : un trésor caché, un esclave décapité, un témoin, une prédiction), et d'un commerçant syro-libanais d'origine arménienne (en Guadeloupe, les commerçants libanais sont appelés des Syriens). Après la naissance de mon père et de ma tante (fruit des mêmes amours illégitimes) ma grand-mère se maria avec un haut fonctionnaire de l'administration coloniale locale (son frère fit une carrière militaire qu'il termina, je crois, au grade de général). Après avoir passé son baccalauréat, mon père partit à Paris faire des études de droit. Ses études terminées, il trouva à travailler dans une compagnie d'assurance (d'après ce que je sais, il fréquentait alors les cercles de jeu et les cours du Parti Communiste). C'est à cette époque (1958-1959) qu'il rencontra ma mère (peut-être l'a-t-il séduite avec cette histoire de trésor?).
Ma mère est née à Lyon. Son père était dessinateur industriel à la SNCF, sa mère institutrice dans la région de Châtillon sur Chalaronne (milieu relativement modeste, mon grand-père était gaulliste, ma grand-mère de gauche, ils ne s'entendaient sur rien mis à part des convictions anti-religieuses communes).
Ma mère a fait les Beaux-Arts, et lorsqu'elle rencontra mon père elle était décoratrice (elle montait les vitrines) dans diverses boutiques de luxe parisiennes.
Mon frère et moi (nous sommes jumeaux, faux jumeaux) sommes nés en novembre 1959. Le couple ne roulait pas sur l'or, mes parents logeaient dans une petite chambre de bonne, rue Palatine, à côté de Saint-Sulpice. Il fut décidé (j'avais 8 mois) de revenir en Guadeloupe. Le retour se fit par bateau (le paquebot Antilles) qui à l'époque était le moyen de transport le moins onéreux.
Sur place, mon père trouva à travailler dans une banque locale (la première banque locale montée par un jeune Antillais polytechnicien), ma mère fut professeur de dessin. Nous habitions au Raizet, sorte de banlieue tropicale (Jean Raspail, dans un ouvrage portant sur un voyage aux Antilles paru dans les années 70, dit que c'est Asnières sur tropiques) où mon frère et moi traînions en compagnie de jeunes gens désoeuvrés, au grand dam de ma mère.
Mon père continua à travailler au sein de la même banque (il y fit toute sa carrière), ma mère devint professeur de lettres (elle nous quitta au cours des années 1967-1968 pour passer divers certificats à Nanterre ; elle fut spectatrice des événements). Mes parents fréquentaient un milieu de professeurs (c'est à cette époque qu'ils firent la connaissance de ton président -Singaravélou- venu terminer une thèse sur la présence indienne aux Antilles), mon frère et moi les mêmes mauvais garçons avec qui nous allions chasser les fou-fous (les colibris) dans la mangrove et faire des parties de pêche sous-marine.
Ma jeunesse fut douce et les filles jolies.
Au milieu des années 70, nous quittâmes Le Raizet (ascension sociale oblige, entre temps tout en continuant ses activités de professeur, ma mère avait monté un commerce de produits nordiques - vaisselle, etc...) pour habiter Le Gosier, site plutôt touristique, dans une maison avec vue sur la mer.
C'est à cette époque que j'ai rencontré celle qui devait devenir ma femme (elle venait passer ses vacances chez sa grand-mère, qui s'était installée en Guadeloupe) dont les parents sont originaires des Charentes (région de Royan, La Tremblade).

En 1976 (la Soufrière faisait des siennes, les lycées servaient de refuge) il fut jugé préférable que j'allasse passer mon bac à Paris, où mes parents étaient toujours locataires (pour une bouchée de pain) d'une chambre de bonne (je fus pensionnaire au lycée de Rambouillet). A compter de cette date, je ne suis retourné en Guadeloupe (le monde est vaste) qu'à quatre ou cinq reprises. La plus longue fut en 1989 (environ un an) pour y travailler. Ce fut également l'année du cyclone Hugo (des vents à 300 km/h, deux mois sans électricité). Ma femme ayant des problèmes d'adaptation, je quittai les tropiques pour la Provence.

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(Esquisse autobiographique reçue le 25 août 2007 aux Archives documentaires).

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