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Journal documentaire
25 octobre 2007

Lettre documentaire 402

LES PUTES DE BURNSIDE, par Jim Goad

Comme une hache qui fend un crâne en deux, Burnside Street traverse entièrement Portland, séparant nettement la ville entre sa partie nord et sa partie sud. Dans les adresses, toutes les rues au nord de Burnside ont un préfixe N, au sud un préfixe S. Burnside est l’Equateur de Portland.
Selon une source, dans les années 1860, «les saloons et les marins faisaient à la rue une telle réputation qu’il était impossible à une entreprise respectable de s’y installer.» Cette tradition de débauche continue en quelque sorte, au moins dans les zones lépreuses situées de part et d’autre du Burnside Bridge, lequel enjambe la rivière et sépare Portland-Est du centre-ville.
C’est là que traînent les putes de Burnside. Des femmes laides de la tête aux pieds. Peau jaunâtre pendouillant sur leurs os, plaies purulentes, brûlures de pipe à méthadone, cocards des dernières gifles administrées par leurs maquereaux noirs comme du charbon. Elles débitent à toute heure du jour leur chair pourrie à des banlieusards désespérés qui viennent ici à la recherche d’une maladie que leur femme ne peut leur donner.
Je n’éprouve pas le besoin de m’en faire pour ces types. J’aimerais avoir pitié des putes de Burnside, mais c’est difficile, vraiment difficile. Parfois, même Superman a besoin d’un petit somme.

The bitches of Burnside», par Jim Goad, 30 juin 2003, ici traduit par Philippe Billé).

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