La semaine commence mal
Je croyais que la boîte était vide, ce matin, et puis non, il y avait une petite lettre coincée contre la porte. Une lettre d’éditeur. Ah Seigneur, c’est vrai, j’ai eu l’optimisme imprudent, je ne sais plus quand vers le début de l’été, d’envoyer à quatre ou cinq éditeurs le texte de mon blog de l’an dernier. Leur parfait silence m’avait paru assez explicite et je n’y pensais plus, mais voilà que l’un d’eux, plus zélé que les autres, se décide enfin à m’expliquer pourquoi il n’a rien à branler de mes écritures. «M. Billé, Nous avons lu votre manuscrit, qui n’a malheureusement pas retenu notre attention. (Le contraire m’aurait surpris). Vous faites preuve dans ce journal d’une érudition impressionnante (c’est gentil de me consoler, mais faut pas pousser non plus) et d’une curiosité évidente pour la vie en générale (je laisse les fautes, pour me venger) et la vie littéraire en particulier. Ceci soutenu par une écriture tout à fait correct (ben oui, pardi, j’essaye de faire zéro faute, moi). Néanmoins, votre projet manque d’unité : ces réflexions sont trop dispersées pour retenir l’attention du lecteur du début à la fin.» Après quoi Maud Béranger m’explique comment faire si je veux récupérer mon ouvrage chez le Dilettante. Eh oui, tout ça ne m’étonne pas, il y a toujours quelque chose qui cloche dans mes propositions aux éditeurs, quand c’est pas ceci, c’est cela. Cette fois, je suis trop dispersé. Et si tu savais, Maud, ça n’est pas que dans mes manuscrits.