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Journal documentaire
22 août 2007

Le Brésil revisité - (1/4 : Géologie)

Le mois dernier, pendant près de trois semaines, exactement du 10 au 29 juillet, j’étais au Brésil pour la deuxième fois, vingt-trois ans après la première. Rien ne m’y obligeait, et je ne recherche pas les déplacements, j’ai accepté celui-ci parce que l’occasion se présentait, et qu’il me plaisait d’y escorter une proche, qui découvrait le pays.

Nous résidions principalement à Fortaleza, capitale de l’état du Ceará, dans le Nord-Est. Nous étions confortablement accueillis par Rosuel, dans l’appartement d’une de ses sœurs, absente, au treizième et dernier étage d’une résidence, dans le quartier assez central d’Aldeota, en portugais «petit village». Ce nom sonne étrangement aujourd’hui, pour désigner en l’occurrence un secteur résidentiel moderne, où poussent un peu partout des tours de dix à vingt étages.

La rue Rui Barbosa, où nous habitions, était perpendiculaire à la plage, vers où elle descendait en ligne droite. La pente conduisait naturellement dans cette direction, qui était la plus agréable à suivre. Ce n’est pas que les plages m’attirent spécialement, mais c’était là que le vent rendait l’air le plus agréable, et qu’il était bon de flâner.

Pendant la première semaine, sous la conduite de notre hôte, nous découvrîmes peu à peu, par promenades successives, différents quartiers de la ville. L’avenue commerçante de Monsenhor Tabosa, la bibliothèque publique et le centre cuculturel, le vieux centre-ville aux petits magasins crasseux, l’immense Mercado Público à côté de la cathédrale. La plage la plus proche, dite d’Iracema, le long de l’avenue Beira-Mar, où nous descendions chaque jour. La plage do Futuro, où nous fûmes un soir dîner, hélas dans le bruit. La plage de Mucuripe, sale mais charmante avec ses petites barques de pêche et les marchands de poisson.

Une ou deux fois nous franchîmes les petits fleuves qui encadrent Fortaleza, à l’est le Cocó, à l’ouest le Ceará, qui donne son nom à l’état. Nous fîmes une excursion outre Ceará vers les bourgades côtières d’Icaraí, Cumbuco, la lagune de Cauipe.

Nous tâchions de ne sortir que le matin avant 10 heures ou le soir après cinq heures, pour éviter la plus forte chaleur. Il faisait environ trente degrés pendant la journée, température à peu près constante au long de l’année. Au bord de la mer le vent apaisait la chaleur mais rendait le soleil d’autant plus dangereux. Par prudence, je parvins assez bien à préserver mon beau teint d’ivoire.

Comme nous étions à trois ou quatre degrés en dessous de l’Equateur, le soleil de midi ne nous apparaissait pas plus ou moins au sud comme chez nous, mais légèrement au nord, si je ne me trompe pas. Le soleil et la plage étaient au nord, le côté ombreux des bâtiments celui du sud. La nuit, les étoiles étaient peu visibles. Au mieux je parvenais à distinguer, au centre du ciel, les deux arcs de la tête du Scorpion. Les constellations du Zodiaque, qui vues de France apparaissent bas sur l’horizon en cette saison, sont ici au zénith, et y demeurent je suppose le reste de l’année.

Nous descendîmes passer la deuxième semaine, du lundi au vendredi, à Rio de Janeiro, où nous avions prévu de loger dans une pousada de la rue Barão de Guaratiba, tout en haut de la colline de Glória. Rio se trouve à quelque 2000 kilomètres au sud de Fortaleza, que l’avion franchit en trois heures, et donc déjà tout près du tropique du Capricorne. Le soleil y apparaît ainsi nettement plus au nord, quand il apparaît. Car il se trouve qu’à cette époque, c’est l’hiver dans cet hémisphère, et le temps fut maussade ces jours-là, fraîcheur, grisaille, vent, parfois pluie. Entre les nuages et la pollution, mon espoir de mieux voir un ciel nocturne plus méridional s’évanouit aussitôt. Là aussi, j’apercevais tout au plus la vague silhouette du Scorpion. Adieu, rêves de Croix du Sud, et du reste.

C’est à Rio que nous utilisâmes les moyens de déplacement les plus divers : marche à pied, taxi, voiture privée, bus, métro, téléphérique et funiculaire. Nous visitâmes l’un après l’autre les deux plus formidables belvédères de l’endroit, Pain de Sucre et Corcovado. C’est bien sûr de ces points éminents, et non quand on a le nez collé sur la crasse des rues, que l’on a les plus beaux panoramas de la ville, tapie aux pieds de montagnes plongeant dans la mer.

Nous visitâmes bien sûr des plages, et d’abord celle de Copacabana, que nous trouvâmes la première fois déserte sous le ciel gris. Celle de Leblon-Ipanema, où la mer était la plus belle, bleue, verte et sonore. La tranquille Praia Vermelha, petite plage «rouge» que j’ai trouvée la plus agréable, blottie entre des pitons. Celle d’Icaraí, à Niterói, de l’autre côté de la baie, où l’ami Antonio nous fit conduire car on a de là une belle vue de Rio. J’ignorais qu’on pouvait s’y rendre par un pont déjà construit à l’époque de mon premier séjour.

Nous visitâmes tout le jardin zoologique et une petite partie seulement du jardin botanique. Nous marchâmes pas mal, entre autres nous descendîmes à pied toute la rue des Laranjeiras, jusqu’au Largo do Machado, qui me plaisait, avec ses grands arbres, et toute la rue du Catete, jusqu'à la Gloire. Nous fîmes aussi une longue marche tout le long des plages de Leblon et Ipanema, jusqu’à Copacabana. Nous remontâmes la rue Siqueira Campos, où j’avais créché jadis, et où je reconnaissais l’agencement général des lieux, mais la porte de l’immeuble ne me disait plus rien.

Nous passâmes la troisième et dernière semaine de notre séjour de nouveau dans le Ceará. Du mardi au jeudi, nous quittâmes Fortaleza pour Preá, un petit village de pêcheurs, à environ 300 km à l’ouest, au bord de l’Atlantique. L’essentiel du trajet se fit par l’intérieur des terres, à bord d’un bus à air conditionné, qui nous emmena au chef-lieu Jijoca. Pour nous qui ne connaissions pratiquement que le Ceará des villes, ce déplacement fut une occasion unique de voir défiler un Ceará des champs et des bois : vastes palmeraies, basses forêts, diverses landes. Enfin la jardineira, un petit car en tôle, sans vitres, nous mena de Jijoca à Preá.

A Preá nous étions accueillis, là encore très aimablement, par une autre sœur de notre hôte. Maria de Jesus et son mari Fábio s’employèrent à nous faire parcourir les environs, et déguster les produits du cru. Nous visitâmes une belle propriété inoccupée, à vendre, dont le parc abritait une colonie de petits singes gris. Nous longeâmes en buggy le rivage, par endroits semé de jolis rochers, jusqu’à la pedra furada, une sorte d’arche de pierre où les touristes vont regarder le coucher du soleil, au lieu de fouiller parmi les flaques pour trouver des trucs intéressants. Nous fîmes un tour dans Jericoacoara, fameux village voisin attirant les vedettes et les jeunes, truffé de magasins de souvenirs et de cybercafés, et entouré de dunes immenses comme l’ennui que m’ont toujours inspiré les dunes, sous toutes les latitudes (et qu’il n’était pas question que j’aille gravir). Il y avait pas mal de musique dans les rues, mais aux trompettes de Jericoacoara, je préférai la tranquillité de Preá.

Le pays semble fait de dunes à peine couvertes, par endroits, d’un filet de plantes rampantes, et la plupart des arbres poussent à l’intérieur de terrains enclos. Interrogé sur la nature d’une sorte d’oasis que l’on apercevait à l’écart du village, Fábio me dit qu’à son avis, ce n’était pas une plantation artificielle, mais un reste de la végétation originelle, partout ailleurs détruite par l’action humaine. Lui-même redonne vie à un grand terrain d’un peu plus d’un hectare de désert, en vue de la mer, où il n’y avait au départ qu’un seul palmier carnaúba, et où il a planté plus de deux cents arbres, dont quelque cent trente cocotiers. Il fait aussi pousser une maison, au milieu de ce grand verger.

Dom Fabio avait la fibre immobilière. Il tentait de nous convaincre d’acheter quelque bout de terre par là, et nous en fit arpenter plusieurs. Un petit de 300 mètres carrés, en plein bourg, portant déjà quatre grands palmiers, deux noyers de cajou, et un ficus. Deux autres en lisière du village, d’environ 700 mètres carrés chacun, l’un nu, l’autre comptant une demi-douzaine de palmiers et autant de cajous, tous encore plus petits que l’homme. Cela ne laissait pas indifférent.

Je vis là le ciel à peine mieux qu'ailleurs, distinguant tout de même le Sagittaire, à côté de son voisin. Cela me rappelait Caetano chantant, Escorpião, Sagitário, num sei quê lá..., "Scorpion, Sagittaire, je ne sais quoi..."

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