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Journal documentaire
11 juin 2007

Lettre documentaire 392

CITATIONS DE JOAQUIM MARIA MACHADO DE ASSIS (1839-1908)

Si je devais définir l’âme humaine… je dirais que c’est une pension. Chaque chambre abrite un vice ou une vertu. Les bons sont ceux chez qui les vices dorment toujours et les vertus veillent, et les méchants… Tu as deviné la suite, épargne-moi la peine de conclure. (A Semana)

Ce n’est pas un ami, celui qui claironne son amitié, c’est un trafiquant. L’amitié se ressent, elle ne se déclare pas. (O último dia de um poeta)

Ne te fâche pas, si l’on te récompense mal d’un bienfait : mieux vaut tomber des nues que d’un troisième étage. (Memórias póstumas)

Qui sait ? Il se peut même que le chapeau ne soit pas le complément de l’homme, mais l’homme celui du chapeau… (Histórias sem data)

Il y a des fois où l’impassibilité du cocher sur son banc contraste avec l’agitation du maître à l’intérieur de la voiture, et l’on croirait que c’est le maître qui, pour se délasser, est grimpé sur le banc et emmène son cocher se promener. (Esaú e Jacó)

Il ne suffit pas de voir une femme pour la connaître, il faut aussi l’entendre ; bien que souvent, il suffise de l’entendre, pour ne jamais la connaître. (Ressurreição)

Le cœur n’est pas seulement un berceau et une tombe, c’est aussi un hôpital. Il abrite quelque malade, lequel, un beau jour, sans que l’on sache comment, guérit, secoue sa paralysie et se dresse d’un bond. (Relíquias da casa velha)

Le destin, comme tous les dramaturges, n’annonce ni les péripéties, ni le dénouement. (Dom Casmurro)

Souvent le meilleur du drame est dans le spectateur, et non sur la scène. (A chinela turca)

Ce n’est pas l’occasion, qui fait le larron, le proverbe se trompe. Il faudrait dire exactement, que l’occasion fait le larcin, le larron était déjà fait. (Esaú e Jacó)

On ne perd rien à avoir l’air mauvais. On y gagne presque autant qu’à l’être en effet. (Memorial de Aires)

Ne consulte pas de médecin. Consulte quelqu’un qui a été malade. (Não consultes médico)

Vivent les muses ! Ces belles filles antiques ne vieillissent pas, ni n’enlaidissent. Finalement, elles sont ce qu’il y a de plus solide, sous le soleil. (A Semana)

Les nouvelles du matin, lues le soir, ont toujours un air démodé ; d’où je conclus que le charme des gazettes tient dans l’heure où elles paraissent. (Páginas recolhidas)

Les occasions font les révolutions. (Esaú e Jacó)

Ce n’est pas que la poésie soit nécessaire aux mœurs, mais elle peut leur donner du charme. (Memorial de Aires)

Le quadrille français est la négation de la danse, comme l’habillement moderne est la négation de la grâce, et tous deux sont les enfants de ce siècle, qui est la négation de tout. (Ressurreição)

Un gros homme ne fait pas la révolution. L’abdomen est naturellement ami de l’ordre. L’estomac peut défaire un empire, mais il faut que ce soit avant l’heure du déjeuner. (Contos recolhidos)

Les rêves dédaignent les lignes subtiles et les nuances des paysages. Ils se contentent de quatre ou cinq coups de pinceau grossiers, mais représentatifs. (Histórias sem data)

Il y a chez les suicidés une excellente coutume, qui est de ne pas quitter la vie sans dire le motif ou les circonstances qui les ont disposés contre elle. Ceux qui s’en vont sans un mot, c’est rarement par orgueil ; dans la plupart des cas, soit ils n’ont pas le temps, soit ils ne savent pas écrire. Coutume excellente : tout d’abord car c’est un acte de courtoisie, ce bas monde n’étant pas un bal, d’où l’on puisse s’échapper avant le cotillon ; ensuite parce que la presse recueille et divulgue les billets posthumes, de sorte que le mort vit encore un jour ou deux, parfois même une semaine. (Histórias sem data)

Le travail est un refuge. (Várias histórias)

Le vice est souvent le fumier de la vertu. Ce qui n’empêche pas la vertu d’être une fleur saine et parfumée. (Memórias póstumas de Brás Cubas)

La vie est un opéra bouffe avec des intermèdes de musique sérieuse. (Ressurreição)

La vertu et le savoir ont deux existences parallèles, l’une dans le sujet qui les possède, l’autre dans l’esprit de ceux qui l’écoutent ou le contemplent. (Papéis avulsos)

S’il est vrai que les morts gouvernent les vivants, il l’est aussi que les vivants vivent des morts. (A Semana)

Le jour où la nature sera communiste et distribuera équitablement les qualités morales, la vertu cessera d’être une richesse, elle ne sera plus rien du tout. (Iaiá Garcia)

* Raimundo Magalhães Júnior a publié à Rio de Janeiro, en 1956, sous le titre Idéias e imagens de Machado de Assis, un recueil de plus de 200 pages de citations aphoristiques, qu’il a extraites des œuvres du maître. C’est dans cet ensemble que j’ai choisi les deux douzaines de sentences, que j’ai traduites ci-dessus. J’indique après chacune le titre de l’œuvre d’origine. Ph Billé.

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