Sur la berne
Un des rares mots de patois charentais que je connaisse depuis l’enfance est la «berne», par quoi l’on désigne le bas-côté, le bord de la route. J’ignore d’où provient ce mot, mais avec un tel sens, il n’a probablement rien à voir avec son homonyme français berne, d’origine inconnue, qui est le nom d’une sorte de brimade, que l’on retrouve dans l’expression «en berne», et qui rappelle le verbe berner, c’est-à-dire tromper. Je repensais à ce mot l’autre jour en lisant dans un texte portugais contemporain (une page du journal de V Ferreira) cette phrase : Ficou na berma da estrada, soit «Il est resté sur … de la route». Vérifications faites, ce mot désignerait en portugais un sentier étroit le long d’une route ou d’un canal, mais il est évident qu’il est employé là simplement au sens de «bas-côté». Et il existe en français l’équivalent berme, pour un passage le long d’un canal ou d’un fossé. Cette berma ou berme viendrait du néerlandais Berm, le talus. La «berne» charentaise ne serait-elle qu’une déformation de cette racine nordique?