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Journal documentaire
18 décembre 2006

Pauvre cerveau

J’ai reçu le dernier ouvrage de Michel Ohl, Pauvre cerveau qu’il faut bercer, paru le mois dernier chez le Castor Astral. Ce volume a la minceur, mais aussi la densité, d’un petit classique. L’on y trouve réuni un joli nombre (414, paraît-il) de fragments, aphorismes, jeux de mots, quatrains, distiques, faux proverbes, etc. Certaines de ces dingueries brèves ont peut-être été créées pour l’occasion, mais il me semble que la plupart proviennent, intactes ou retouchées, de textes déjà publiés (j’en reconnais même qui avaient paru dans mes Lettres documentaires de jadis). Comme je crois que la plupart des folles historiettes de l’auteur ne sont qu’un liant où sertir ses trouvailles, on dirait qu’il a repassé au crible ses œuvres plus ou moins complètes pour en récupérer ici la plus substantielle moelle. Michou n’est pas un bricoleur approximatif, c’est un pro de la blague, un artisan soigneux, très attentif à la précision du mécanisme, et ce talent force l’estime. Bon, je dois aussi avouer que comme d’habitude, quelques sentences un peu trop ésotériques me passent largement au-dessus sans que je les pige («J’ai un ami, je lui dis gugu! il tombe de rire à mes pieds»), et certaines veines d’inspiration, comme la scatologie, ne m’accrochent pas beaucoup. Il y a des vannes dont je ne me lasse pas, entre autres celle des «Noces de Cana bis», où Jésus transforme le tabac en haschisch. Mais tout n’est pas fait pour amuser dans ce petit livre, et l’on n’est pas loin de la mélancolie avec un aveu du genre de «Je n’ai jamais vécu que par intérim», ou ce constat superbe de sobriété : «Tout est qui finit».
P.S. Dans un courrier, peu après cette note, M Ohl me précise entre autres : le sens de la phrase à "gugu" (que j'avais des excuses de ne pas comprendre étant donné qu'il s'agit d'une sorte de "private joke"), qu'il n'écrivait pas ses "historiettes pour y sertir (ses) trouvailles, mais il est vrai de nombreux paragraphes, ou phrases, ont été écrits en fonction d'elles", enfin que l'origine des sentences est pour moitié les livres de l'auteur, pour un quart divers opuscules, le quart restant ayant été conçu exprès.

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Commentaires
H
Rire et Lettres<br /> par Nicolas Le Lay<br /> À propos de Pauvre cerveau qu’il faut bercer, Michel Ohl, « Millésimes », Le Castor Astral, Novembre 2006 - le 15 février 2007<br /> Le gugu lui plût.<br /> http://www.homme-moderne.org/journal/2007/0311.html
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