Lingui-stick
Avant de la remettre dans mes archives, je viens de relire la photocopie que je conserve de l'article du regretté Albert Audubert (voir dans ce blog au 19 septembre) portant sur "L'usage et le langage de la maconha (marijuana) au Brésil", paru dans les Arquivos do Centro cultural português Gulbenkian (XVIII, 1987, p 131-144). Lorsque j'avais découvert l'existence de ce document, il avait piqué ma curiosité non seulement parce que j'en connaissais l'auteur et que je suis moi-même amateur de fumette lexicographie, mais aussi car il m'intriguait que cet homme, qui n'avait pas le profil d'un fumeur d'herbe, ait porté son attention précisément sur ce sujet. Quelles raisons, quels hasards avaient pu l'y conduire? Maintenant qu'il est trop tard, je regrette de ne pas lui avoir posé la question, quand j'en avais l'occasion. Cet article a du charme, parce qu'il est dépourvu du jargon qui plombe souvent la prose académique, et que les notations qu'il recueille sont savoureuses. J'y remarque par exemple, parmi les termes pouvant désigner un joint de gros calibre, le mot portugais charuto ("cigare") et le mot d'origine tupi taquara ("bambou"). Mais le point qui me paraît le plus singulier est peut-être l'observation que l'appellation la plus courante de la marijuana au Brésil, à savoir le mot d'origine africaine maconha, est l'exact anagramme de cânhamo, soit le nom usuel du chanvre en portugais.