Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal documentaire
1 mai 2005

QUESTIONS A JACQUES D’ARRIBEHAUDE (1).- Dans vos

QUESTIONS A JACQUES D’ARRIBEHAUDE (1).
- Dans vos premiers livres, Darribehaude est écrit en un seul mot, sans l'apostrophe qui sépare le D du reste dans les plus récents. Qu'en est-il?
- Vous trouverez mon nom dans l'Armorial des Landes et partie du Béarn, du baron de Cauna, paru sous le second Empire, avec une recension des anciennes familles du pays. En 72 ou 73, à la Maison de la Radio, j'ai rendu un menu service à un généalogiste, auteur d'ouvrages connus sur les anciens noms de France, qui me parla de ses recherches, et m'incita à faire rétablir la particule, disparue de notre patronyme sous la Révolution. Comment ? Tout simplement au nom de la loi de fructidor an II toujours en vigueur et qui stipule que, le nom étant imprescriptible, c'est la forme la plus ancienne qui doit être conservée. J'ai donc réuni aux archives des Landes, dans les registres paroissiaux, et à l'État civil, toute ma filiation depuis Henri IV, et, après mille traverses et chinoiseries du Tribunal de Bayonne, dont le procureur ébahi voyait là un "trouble à l'ordre public", c'est la Cour d'appel de Pau qui a imposé à l'Etat civil le rétablissement de mon nom, valable également pour mon père, avec interdiction qu'il soit mentionné autrement que d'Arribehaude, et en stricte application de "la loi de fructidor an II". Ce tour de passe-passe m'amusait en me permettant de planer à l'aise sur le snobisme grotesque animant les couloirs, intrigues et prétentions du petit monde des médias et de la télé en particulier, dont la médiocrité croissante m'affligeait.
- Entre Semelles de vent (roman à la 3e personne), puis La grande vadrouille (roman à la 1e personne) puis vos journaux intimes des années 50 et 60, on a l'impression que vous avez consacré l'essentiel de votre oeuvre littéraire à raconter votre vie, mais en passant progressivement de la transposition romanesque aux confidences directes du diariste. Savez-vous ce qui vous a poussé dans cette voie? Vos premiers romans tirent-ils leur matière de journaux intimes que vous teniez déjà avant ceux qui ont été publiés?
- La forme romanesque était la seule recevable par un éditeur pour le jeune inconnu que j'étais. Mais la part d'autobiographie domine dans mes premiers livres et, devant l'échec commercial, j'ai pensé, peu à peu, que les aventures que je vivais valaient mieux que de mauvais romans et que je devais tenir un journal pour tâcher, si Dieu le permettait, d'en tirer matière plus tard, à la manière de Saint-Simon, dans l'esprit d'un témoignage vivant et susceptible d'intérêt pour la postérité.
- Quels journaux d'écrivains avez-vous connus avant de vous mettre à tenir le vôtre? Quels sont ceux qui ont pu vous influencer ou vous stimuler?
- Le premier modèle de journal intime à me séduire et à m'emballer a été Stendhal, bien sûr. En 48 ou 49, j'écrivais des pages et des pages sur des riens dans une imitation ridicule et maniaque de mon cher Stendhal. Et je voyais aussi que Brulard et la totalité des écrits intimes avaient paru bien après sa mort.
-Il ne m'étonne pas que vous citiez comme influence Saint-Simon, que vous évoquez çà et là. Dans son journal, en date du 20 mars 1985, Nabe évoquait votre passion pour les mémoires de cet écrivain, dont vous lui recommandiez spécialement l'année 1715. Qu'a-t-elle de particulier, cette année-là?
- Saint-Simon. Je m'y suis intéressé dès le lycée. L'intensité, la vie prodigieuse de ses portraits. Pour le découvrir vraiment dans le désœuvrement de mon retour, malade, de mon équipée dans la France Libre, l'été 45. J'avais un recueil d'extraits choisis sur la fin du règne de Louis XIV et la Régence (je ne l'ai lu entièrement , et relu, qu'au cours des années 50.) La puissance, le grouillement d'intrigues, la vitalité, que cette vision nous transmet depuis trois siècles sont sans égales et confondent l'imagination. Et j'ai pu observer dans le ridicule microcosme de la télévision, dans les mouvements, la fièvre d'intrigues, de bassesses et de reptations, occasionnée par le moindre remous électoral et politique, à quel point l'humanité restait misérablement et salement la même, et combien la vraie noblesse, celle du cœur, de l'esprit et de l'âme, y était rare, au constat de l'auteur lui-même conscient de ses petitesses mais toujours tendu vers plus de vérité, de justice, et malgré ses colères, une certaine charité chrétienne. 1715 parce que la mort du Roi, précédée par celles de son fils et de son petit-fils, est l'occasion d'un déchaînement prodigieux d'intrigues, et l'occasion d'un bilan historique dont la grandeur, dans sa cadence et son rythme saisissants, vous empoignent et vous serrent le cœur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Journal documentaire
Publicité
Journal documentaire
Archives
Publicité