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Journal documentaire
4 mars 2005

Dans une note de mars 2001, j'indiquais avoir

Dans une note de mars 2001, j'indiquais avoir appris par une revue espagnole d'histoire, l'existence d'une lettre de 1938 dans laquelle Simone Weil expliquait à Georges Bernanos pourquoi, après quelques mois passés en Espagne à soutenir le front républicain, elle était revenue en France écoeurée par les crimes de guerre de gauche. Je supprime cette note maintenant qu'un lecteur attentif m'a transmis le texte et signalé la localisation de cette longue lettre, qui aurait paru dans le Bulletin de la Société des amis de Georges Bernanos, et serait reprise dans les Ecrits historiques et politiques de la philosophe, chez Gallimard, ainsi que dans ses Oeuvres en "Quarto" chez le même éditeur, auxquels on se reportera plus utilement. L'anecdote concernant Durruti est un peu différente de ce que j'avais lu dans la revue mais ne change rien, au fond, quant à ce qu'elle révèle sur la finesse de cet anarchiste meurtrier. La voici: "en Aragon, un petit groupe international de vingt-deux miliciens de tous pays prit, après un léger engagement, un jeune garçon de quinze ans, qui combattait comme phalangiste. Aussitôt pris, tout tremblant d'avoir vu tuer ses camarades à ses côtés, il dit qu'on l'avait enrôlé de force. On le fouilla, on trouva sur lui une médaille de la Vierge et une carte de phalangiste ; on l'envoya à Durruti, chef de la colonne, qui, après lui avoir exposé pendant une heure les beautés de l'idéal anarchiste, lui donna le choix entre mourir et s'enrôler immédiatement dans les rangs de ceux qui l'avaient fait prisonnier, contre ses camarades de la veille. Durruti donna à l'enfant vingt-quatre heures de réflexion ; au bout de vingt-quatre heures, l'enfant dit non et fut fusillé." Je me frotte un peu les yeux, tout de même, en lisant ensuite, dans le même paragraphe, que l'abruti Durruti "était pourtant à certains égards un homme admirable", égards sur lesquels rien ne nous est dit. Il est un autre point qui me heurte, dans les premières lignes de la lettre, par ailleurs assez belle et intelligente, c'est une phrase d'une stupidité consternante où Simone, voulant expliquer sa position de non-catholique proche du catholicisme, ne trouve rien de plus malin à déclarer que ceci: "Je me suis dit parfois que si seulement on affichait aux portes des églises que l'entrée est interdite à quiconque jouit d'un revenu supérieur à telle ou telle somme, peu élevée, je me convertirais aussitôt." Qu'est-ce à dire, exactement? Que la richesse (notion relative s'il en est) est une faute? Ou qu'une religion serait plus intéressante si elle était réservée à une classe? Et pourquoi pas à une race, pendant qu'on y est? Enfin, cela ne paraît pas très philosophique, même à mes yeux d'agnostique et de fauché.

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